P. Galand : « Soutien au Peuple Sarahoui »


source : kaosenlared.net

Par Pierre Galand (Président de l’EUCOCO / Gauche / Belgique)

Publié le 1er novembre 2025 par l’EUCOCO

 

Mise au point de la Task Force des Comités de soutien au peuple Sarahoui suite à l’adoption, le 31 octobre 2025, de la résolution 2797 du Conseil de sécurité des Nations unies. Concernant le Sahara Occidental

Cette résolution prolonge le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) pour une année supplémentaire et rappelle à bon escient les résolutions antérieures qui réaffirment le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, dans le cadre d’un processus de décolonisation encore inachevé.

Cependant, suite aux pressions exercées par les Etats Unis et la France, pour la première fois, le texte fait référence au plan dit « d’autonomie » proposé par la puissance occupante, le Maroc, comme base possible de négociation entre les deux parties. Cette inclusion dans une résolution, bien que non contraignante, constitue un précédent préoccupant qui risque de conforter la Maroc dans son occupation illégale du territoire sahraouis et d’y poursuivre tant la répression à l’encontre de la résistance sahraouie que de l’exploitation des ressources naturelles de ce territoire. Une telle approche est en contradiction avec le droit imprescriptible du peuple Sahraoui à son autodétermination conformément aux principes fondamentaux et résolution pertinentes des Nations Unies relatives au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans le cadre de leur décolonisation.

Les membres de la Task Force EUCOCO dénoncent les interprétations trompeuses diffusées par les médias marocains, qui présentent cette résolution comme une reconnaissance du plan d’autonomie ou de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le Conseil de sécurité n’a reconnu ni l’un ni l’autre. La Task Force reproche à différents médias occidentaux de soutenir cette interprétation sans même avoir consulté le Front Polisario reconnu par l’ONU comme le représentant officiel du peuple sahraoui.

Nous rappelons que, conformément à l’avis consultatif de la Cour internationale de justice de 1975 et aux résolutions successives des Nations unies, le Sahara occidental demeure un territoire non autonome dont le peuple a droit à un référendum d’autodétermination, et que le Front Polisario en est le représentant légitime. Toute solution politique au conflit doit être conforme au droit international et garantir pleinement le droit du peuple sahraoui à décider librement de son avenir.
En tant qu’organisations engagées pour la paix, la justice et le respect du droit international, nous appelons les Nations unies et leurs États membres à réaffirmer clairement le cadre juridique du processus de décolonisation du Sahara occidental, et à veiller à ce qu’aucune tentative d’annexion ne soit légitimée, directement ou indirectement.
 

Pour la Task Force de l’EUCOCO

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S’il existe une centralité de la question palestinienne, il y a une exemplarité de la cause sahraouie.

Dans les rapports entre l’occident et le reste du monde, ceux que nos États entretiennent avec Israël et le Maroc sont historiquement marqués par un passé colonial doublé d’une liaison tragique, à savoir le génocide contre les juifs et d’une exploitation sans merci de la population marocaine comme réservoir de main d’œuvre à bon marché pour nos industries minières dès le lendemain de la deuxième guerre mondiale.

Très vite à la même époque, ces deux pays sont devenus des alliés privilégiés de l’Europe en construction pour des motifs non seulement économiques mais aussi et principalement pour des raisons stratégiques et militaires. N’oublions pas que le voisin d’Israël n’est autre que l’Égypte et que celui du Maroc est l’Algérie, deux pays qui furent à l’avant-garde des luttes de libération contre les empires coloniaux britannique et français. Très tôt Israël et le Maroc vont alors être privilégiés en tant qu’alliés de l’occident contre une Afrique devenue indomptable. Cette liaison très intéressée va se traduire par des accords de coopération de plus en plus importants avec ces deux pays qui n’hésiteront pas à nous aider incestueusement dans l’appui à l’Afrique du Sud de l’Apartheid, dans nos ambitions de contrôler le canal de Suez ou dans nos alliances corrompues avec les dirigeants africains les moins recommandables.

Comme tout a un prix, le tandem israélo-marocain fut récompensé en bénéficiant l’un comme l’autre d’accords d’association avec l’Union Européenne, les plus importants jamais signés avec des pays non membres de celle-ci. Ce qui a fait dire à certains qu’ils étaient les seuls pays non européens à être quasi membres de l’Union.

Durant son premier mandat, l’administration Trump a poussé le bouchon beaucoup plus loin en « vendant » le Sahara Occidental au Maroc en échange de la signature par le Roi des fameux « accords d’Abraham » liant Israël et le Maroc par une reconnaissance mutuelle et des accords militaires et économiques importants.

Côté européen entre-temps, Mme von der Leyen, présidente de la Commission européenne, malgré le génocide et la famine imposée aux populations martyres de Gaza et les crimes commis par les colons et l’armée israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem, se refuse de suspendre l’accord d’association avec Israël. Or, cette suspension est prévue en cas de violation grave des droits humains par le partenaire israélien.

Quant à l’accord d’association avec le Maroc, l’Union Européenne a été condamnée à exclure de cet accord le territoire du Sahara Occidental car, dit la Cour européenne de Justice de l’Union, le Sahara Occidental et le Maroc sont deux territoires distincts et c’est le peuple sahraoui qui est seul à pouvoir négocier l’exploitation des richesses naturelles de son territoire. Cette fois encore la présidente de la Commission européenne, ignorant l’arrêt et le Front Polisario, a manœuvré secrètement pour contourner les règles de droit de l’Union et violer ceux reconnus par les plus hautes cours en Europe et en Afrique au peuple sahraoui.

Voilà deux peuples, les Palestiniens et les Sahraouis, trahis par les occidentaux qui n’hésitent pas à violer le Droit international et humanitaire en fournissant armements et moyens financiers à ceux qui les occupent et les martyrisent, en utilisant leur droit de veto à l’Onu afin que se poursuivent les agressions, les massacres et les pillages caractéristiques de l’ère coloniale que l’on disait révolue.

Heureusement, un mouvement populaire mondial de solidarité s’exprime aujourd’hui, vu la trahison de nos responsables politiques à l’égard du peuple palestinien génocidé. Il nous appartient d’appeler nos camarades à comprendre que les droits fondamentaux à l’indépendance, conquis par les luttes d’émancipation des peuples africains qui, le siècle dernier, arrachèrent aux puissances coloniales leur droit à l’autodétermination, sont tout autant ceux des Palestiniens et des Sahraouis. Il nous faut comprendre que leurs luttes sont aussi les nôtres pour maintenir l’ONU dans le respect de sa Charte, pour empêcher les dérives qui consistent à faire d’Israël et du Maroc des pions dans les ambitions de l’Occident à maintenir son dictât impérialiste sur le reste du monde.

Les Sahraouis et les Palestiniens sont l’avant-garde d’une marche des peuples pour une nouvelle décolonisation et ils en payent le prix. Soyons à leurs côtés car avec eux nous pourrons refonder un ordre international plus juste, une communauté humaine plus fraternelle. Nous pouvons faire front et barrer ceux qui osent imaginer faire de Gaza ou de Dakhla des paradis pour les immensément riches plutôt que des villes à construire avec les Palestiniens et les Sahraouis pour le bonheur de leurs enfants.

C’est pour cela que 50 ans de solidarité avec les peuples en lutte, les Palestiniens, les Sahraouis et d’autres peuples exploités, c’est notre contribution au progrès de l’humanité.
EUCOCO 

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