
Par Bertrand Henne (Journaliste / ? / Belgique)
Publié le 17 novembre 2025 par la RTBF
Ça y est ! Les lettres pour le service militaire volontaire sont arrivées dans les boîtes aux lettres de 150.000 jeunes de 17 ans. Une opération sans précédent par son ampleur, qui dépasse largement l’objectif affiché de recrutement.
Des moyens sans précédent
Seulement 500 places seront disponibles l’année prochaine pour cette année de service militaire volontaire. Pour trouver 500 candidats, envoyer une lettre, par la poste, à quelque 150.000 jeunes est totalement disproportionné. D’autant que la Défense ne cesse de dire qu’elle n’a, pour l’instant, aucune difficulté à trouver des candidats. L’État est confronté à des difficultés de recrutement dans d’autres domaines, par exemple pour les magistrats, mais il n’envoie jamais de lettre pour cela. Non, l’objectif est plus large : il s’agit d’un objectif politique, celui de sensibiliser, en particulier la jeunesse, mais aussi leurs parents, et en réalité toute la société belge, au fait que le monde tel qu’on l’a connu depuis la fin de la guerre froide est bel et bien terminé.
Opération psycho
C’est donc aussi une opération psychologique. Pour les jeunes qui reçoivent cette lettre, et pour leurs parents (ce qui est mon cas, pour tout vous dire), il y a d’abord un symbole : voir le nom de son enfant à côté d’un macaron de la Défense. C’est un signe tangible du pouvoir que l’État a de convoquer des jeunes pour les enrôler dans l’armée. De manière volontaire aujourd’hui. Mais personne ne peut ignorer que cette convocation pourrait un jour devenir obligatoire. Il y a une forme de répétition générale dans cette lettre. L’armée réapprend à envoyer des convocations. Et nous, citoyens, réapprenons que l’armée peut convoquer nos enfants. Le même genre d’initiative a été pris aux Pays-Bas ou en Allemagne. Personne ne peut dire que c’est anodin.
Militarisation des esprits ?
Objectif psychologique donc, militarisation des esprits pour l’opposition de gauche. Le PTB, le PS et Ecolo considèrent que Theo Francken et le gouvernement se sont offert une campagne de communication à grande échelle. Le PTB évoque une militarisation des esprits. Sans aller nécessairement jusque-là, il y a effectivement de cela. Le député N-VA Peter Buysrogge, à l’origine de la proposition de loi, explique que l’objectif est, je le cite, que "les jeunes soient conscients et vigilants face à la situation internationale actuelle. Nous ne voulons pas les effrayer, mais il faut leur dire que nous ne vivons plus dans un monde sûr". Preuve donc que l’objectif de cette lettre va bien au-delà du recrutement.
Pas au front !
Face à plusieurs réactions de parents outrés sur les réseaux sociaux, le ministre de la Défense, Theo Francken, a dû lui aussi s’expliquer. Il l’a fait dans son style bien à lui. Sur Facebook, il a critiqué un "combo" de critiques émanant de "pseudopacifistes", de "communistes", de "complotistes", de "Poutine-lovers", de "vatniks" et d’une catégorie que je ne connaissais pas : les "geitenwollensokkers". Un truc intraduisible, des "amateurs de chaussettes en laine de chèvre", en gros des écologistes radicaux.
Bref, Theo Francken a préféré discréditer les critiques plutôt que d’y répondre sur le fond. Il a ajouté : "Non, je ne vais pas envoyer notre jeunesse au 'front'. Il n’y a pas de front. La Belgique n’est pas en guerre. L’OTAN n’est pas en guerre. Et nous n’avons pas l’intention de déclarer la guerre."
Pour être honnête, Theo Francken aurait dû ajouter : "pour l’instant". Car cette lettre n’aurait évidemment aucun sens s’il n’y avait pas un risque que la Belgique et l’Otan soient un jour en guerre. C’est donc bien là, l’enjeu de la lettre : rendre palpable le risque de guerre. Et le risque que nos enfants y soient mêlés un jour.
Publication originale sur le site de la RTBF
Objectif psychologique donc, militarisation des esprits pour l’opposition de gauche. Le PTB, le PS et Ecolo considèrent que Theo Francken et le gouvernement se sont offert une campagne de communication à grande échelle. Le PTB évoque une militarisation des esprits. Sans aller nécessairement jusque-là, il y a effectivement de cela. Le député N-VA Peter Buysrogge, à l’origine de la proposition de loi, explique que l’objectif est, je le cite, que "les jeunes soient conscients et vigilants face à la situation internationale actuelle. Nous ne voulons pas les effrayer, mais il faut leur dire que nous ne vivons plus dans un monde sûr". Preuve donc que l’objectif de cette lettre va bien au-delà du recrutement.
Pas au front !
Face à plusieurs réactions de parents outrés sur les réseaux sociaux, le ministre de la Défense, Theo Francken, a dû lui aussi s’expliquer. Il l’a fait dans son style bien à lui. Sur Facebook, il a critiqué un "combo" de critiques émanant de "pseudopacifistes", de "communistes", de "complotistes", de "Poutine-lovers", de "vatniks" et d’une catégorie que je ne connaissais pas : les "geitenwollensokkers". Un truc intraduisible, des "amateurs de chaussettes en laine de chèvre", en gros des écologistes radicaux.
Bref, Theo Francken a préféré discréditer les critiques plutôt que d’y répondre sur le fond. Il a ajouté : "Non, je ne vais pas envoyer notre jeunesse au 'front'. Il n’y a pas de front. La Belgique n’est pas en guerre. L’OTAN n’est pas en guerre. Et nous n’avons pas l’intention de déclarer la guerre."
Pour être honnête, Theo Francken aurait dû ajouter : "pour l’instant". Car cette lettre n’aurait évidemment aucun sens s’il n’y avait pas un risque que la Belgique et l’Otan soient un jour en guerre. C’est donc bien là, l’enjeu de la lettre : rendre palpable le risque de guerre. Et le risque que nos enfants y soient mêlés un jour.
Publication originale sur le site de la RTBF
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