1-nous ne voulons pas la guerre ; 2-le camp adverse est le seul responsable de la guerre ; 3- le chef du camp adverse a le visage du diable ; 4-c'est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers ; 5- l'ennemi provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures c'est involontairement ; 6-l'ennemi utilise des armes non autorisées ; 7-nous subissons très peu de pertes, les pertes de l'ennemi sont énormes ; 8-les artistes et intellectuels soutiennent notre cause ; 9-notre cause a un caractère sacré ; 10-ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres.
Sir Arthur Ponsonby en 1928, actualisé par Anne Morelli en 2001.
~
La propagande de la Grande Guerre : aux origines de la propagande moderne
Anne Morelli (Historienne engagée ULB / gauche / Belgique)
Article publié en octobre 2014 par Les Territoires de la Mémoire
Il
n’est pas exagéré d’affirmer que tous les thèmes de l’actuelle
propagande remontent à la Première Guerre mondiale. Peu après ce
conflit, Arthur Ponsonby confie dans un livre – que je considère comme
la « Bible » de la propagande guerrière1
– ses observations à propos des mensonges construits dans la « fabrique
du consentement » pour faire adhérer l’opinion publique à la guerre.
Avec cette œuvre, il fournit la meilleure description possible des
principes de base de la propagande de guerre.
Le Lord
britannique se réjouit de l’opportunité qu’il a eue d’occuper un poste
d’observation exceptionnel, qui lui a permis d’analyser l’image de
l’ennemi qui se construisait tant dans le camp adverse que dans le camp
allié. En partant de là, j’ai voulu décrire les mécanismes de
construction de la propagande de guerre en les organisant autour de ce
que j’ai défini comme étant les dix principes élémentaires de la
propagande de guerre2.
Ma
démarche intellectuelle a consisté à vouloir vérifier si les techniques
de propagande de la Grande Guerre étaient encore utilisées aujourd’hui.
Et je peux affirmer que, selon mon analyse, si les organisations ont
changé, si les médias ont connu une évolution spectaculaire, la
thématique et les techniques de propagande se sont, elles, bel et bien
maintenues.
« Se construire un ennemi » est vraiment le
cœur du discours propagandiste qui prend forme de manière systématique
durant la Première Guerre mondiale. Cet ennemi est belliqueux, toute la
responsabilité de la guerre lui incombe, il provoque intentionnellement
des atrocités et use d’armes illégales. Ses cibles sont de préférence
les femmes et les enfants. L’ennemi ne respecte pas la religion. Le chef
du camp ennemi ne peut être comparé qu’au diable lui-même. Ces ennemis
sont des êtres inférieurs, immoraux, lâches, ils sont des extrémistes de
la guerre aux intérêts bas et à la propagande primitive (« bourrage de
crâne »), mais – par chance – leurs pertes sont importantes et, depuis
le début de la guerre, ils sont prédestinés à être défaits.
En
dressant ce portrait, on suscite habituellement un sentiment collectif
d’horreur à l’égard de l’ennemi, un sentiment exacerbé pour pousser la
population à accepter le sacrifice de ses hommes, les difficultés
matérielles inhérentes à l’état de guerre et à accepter également ses
propres violences immorales. Pour construire de cette manière
l’imaginaire de l’ennemi, durant la Première Guerre mondiale, la
propagande (mieux connue sous l’appellation « l’information de guerre »)
est pour la première fois confiée à un service professionnel.
L’ennemi belliciste
Des dix principes de la propagande de guerre3, j’ai choisi de traiter ceux qui contribuent le plus directement à la construction de l’imaginaire de l’ennemi.
Le
premier d’entre eux consiste à se présenter comme pacifiste et
l’ennemi, au contraire, comme le seul instigateur de la guerre parce
qu’il est belliciste par nature. Durant la Première Guerre mondiale,
chacun des deux camps a déclaré solennellement, devant son opinion
publique, ne pas avoir voulu la guerre. Quand, en 1914, le gouvernement
français ordonna la mobilisation, il déclara qu’il ne s’agissait pas
d’encourager une quelconque guerre, mais que c’était bien là la
meilleure façon de garantir la paix. De l’autre côté, le 19 août 1915,
le chancelier allemand assura au Reichstag : « Nous n’avons jamais
désiré la guerre. Depuis les origines de l’empire, chaque année de paix a
contribué à notre progrès : c’est dans la paix que nous prospérons ».
Le
camp adverse est donc seul responsable du conflit et chacune des deux
parties assure avoir été contrainte de déclarer la guerre afin
d’empêcher l’autre de mettre la planète à feu et à sang. On se doit de
combattre afin d’en finir avec toutes les guerres. La Grande Guerre
devait être la dernière guerre, « la Der des Der ». Ainsi est peint le
portrait d’un ennemi viscéralement belliciste et éternel agresseur.
Bien
que sachant que la mobilisation simultanée de la Russie et de la France
aurait conduit l’Allemagne à déclarer la guerre, le gouvernement
français a mobilisé et déclenché la déclaration de guerre allemande pour
ensuite jurer, à travers un message du chef de l’État et le discours du
4 août 1914 du chef du gouvernement, que si la France était en guerre,
elle l’avait été à sa plus grande surprise et uniquement suite à
l’agression « improvisée, odieuse, traître et incroyable de l’Allemagne
». « Tout ce qu’il fallait faire pour éviter la guerre, nous l’avons
fait », écrivait un journal parisien à la veille de la guerre4.
De
l’autre côté, les Allemands présenteront le conflit comme une chose
imposée par la France. La neutralité de la Belgique a bel et bien été
violée par les Allemands, mais la France s’était elle aussi préparée à
une vigoureuse offensive en Belgique tandis que les Anglais étaient
également prêts à débarquer préventivement en Flandre. Paris et Londres
se sont donc sentis plutôt soulagées quand, en août 1914, l’Allemagne a
contraint la Belgique à lui ouvrir la voie. Cependant, le viol de la
neutralité belge fut présenté par l’Allemagne comme une « riposte ».
La
responsabilité de la guerre était certes partagée, mais chaque camp a
construit pour sa propre opinion publique l’image de l’ennemi
belliciste, unique agresseur et responsable des hostilités. Une image
encore utilisée parce qu’il est désormais d’usage de considérer que nous
sommes contraints de faire la guerre parce que c’est l’adversaire qui
l’a commencée ; que nous sommes obligés de réagir, en état de légitime
défense ou pour honorer les engagements internationaux…
L’odieux fantoche
Dans
la construction de la figure de l’ennemi, il est très efficace de
concentrer la haine sur le leader adverse. L’ennemi aura ainsi un visage
et ce visage sera, évidemment, odieux. Cette personnalisation naît de
la diversité des personnes constituant la population ennemie ; elle vise
à éviter que chaque citoyen puisse reconnaître son semblable au sein de
la population adverse.
Pour affaiblir la cause de l’adversaire,
il faut au minimum présenter son chef comme un incapable et conduire à
douter de sa fiabilité et de son intégrité. Mieux encore, il faut
toujours, dans la mesure du possible, diaboliser le leader ennemi, en le
présentant comme un être immonde à mettre en déroute, comme le dernier
des dinosaures, comme un fou, un barbare, un criminel de l’enfer, un
boucher, un perturbateur de la paix, un ennemi de l’humanité, un
monstre… Et c’est de ce monstre que vient tout le mal. Le but de la
guerre sera alors de le capturer et son éviction engendrera le retour
immédiat de la morale et de la civilisation. Dans certains cas, ce
portrait de l’ennemi peut sembler justifié, il ne faut toutefois pas
perdre de vue que ce monstre était, avant le conflit, la plupart du
temps fréquentable et que le même le redeviendra parfois après la fin du
conflit.
Ainsi, durant la Première Guerre mondiale, le vieux
Kaiser fut diabolisé par la propagande alliée. Dans la propagande, dans
la presse, il est rapidement devenu un fou, un assassin et un boucher,
un barbare qui décide de faire incendier des villes comme Louvain, de
faire assassiner vieillards et bambins, de faire violer femmes et jeunes
filles. Cette image fut si forte qu’elle perdure un siècle encore après
les faits. Mes étudiants, à chaque nouvelle année académique, me
racontent que dans leur enfance, à Bruxelles, ils ont chanté une
comptine qui dit : « Guillaume est un méchant homme, qui a tué des
millions d’hommes. Sa femme est l’impératrice, l’impératrice … de la
saucisse ! ». Par l’intermédiaire de cette chanson s’est transmise
l’image d’un chef ennemi monstrueux, personnellement responsable des
toutes les atrocités de la guerre.
Mais ces terribles
accusations, à charge de la personne malveillante du Kaiser, furent
rapidement démenties après le conflit. Guillaume se « réfugie » dans un
château en Hollande ; son procès annoncé par le Traité de Versailles
n’aura jamais lieu et l’ex-empereur surnommé « Attila » durant le
conflit, reçoit des Alliés l’autorisation tacite de vivre tranquillement
en Hollande où il demeurera jusqu’à la fin de ses jours. Le « monstre »
est redevenu une personne au même titre que les autres chefs d’État, un
peu à la manière des autres monstres « par intérim » que furent Nelson
Mandela, Yasser Arafat ou Khadafi, longtemps diabolisés par les médias
occidentaux (assassins, terroristes…) pour redevenir à d’autres moments
d’honorables interlocuteurs reçus par tous les chefs d’État.
L’ennemi est animé par des intérêts inavouables
Généralement,
la guerre a comme mobile la volonté de domination géopolitique,
assortie de motivations économiques. Ces mobiles sont inavouables à l’
opinion publique, mais la propagande de chaque camp prétend combattre
pour une cause noble : l’honneur du pays, la liberté, l’indépendance, la
vie ou les valeurs morales de haut rang, capables de donner au conflit
un caractère de croisade.
L’ennemi en revanche est animé par de
bas intérêts : lutte afin de s’accaparer un territoire, une colonie, un
gisement, pour annexer une province, pour la satisfaction d’être reconnu
comme le plus fort ou par simple impérialisme et militarisme. Le but de
la guerre pour l’ennemi est par conséquent la défense d’intérêts
particuliers et non de valeurs morales indiscutables comme la défense de
la démocratie, la défense des petites nations ou la lutte contre le
militarisme.
En ce qui concerne la Première Guerre mondiale, les motivations des grandes puissances peuvent ainsi être résumées :
- par une guerre victorieuse contre l’Allemagne, la France espérait pouvoir retourner aux confins du Second Empire ;
- la Russie espérait obtenir l’hégémonie sur les Balkans, et surtout, sur Constantinople ;
- l’Angleterre voulait maintenir son statu quo de première puissance coloniale et maritime et bloquer l’avancée des Allemands sur le continent ;
- l’Allemagne voulait obtenir des matières premières des colonies, exporter ses produits finis, casser le monopole anglais sur les mers (qui entravait ces projets), rompre l’encerclement franco-anglo-russe et renforcer son unité ;
- les États-Unis espéraient réaliser en Europe des ventes et des prestations rémunératrices ainsi qu’entrer dans le cercle des grandes puissances (et ils y parviendront).
Les textes officiels n’évoquent toutefois ces objectifs peu honorables que lorsqu’ils décrivent les intentions de l’ennemi.
De
notre côté, en revanche, on ne parle jamais de lutter pour s’emparer
d’un territoire ou d’un gisement, pour annexer une province (à
l’exception de celles qui revêtent un caractère symbolique comme
l’Alsace-Lorraine, par exemple) ou une colonie, ni pour la satisfaction
d’être reconnu comme le plus fort.
L’ennemi est donc présenté
comme le seul à être animé par le militarisme qui vise à la suprématie, à
agrandir son territoire alors que, de l’autre côté, nous combattons,
comme chacun sait, pour précisément s’opposer à ce militarisme.
Intentions peu crédibles pour l’observateur averti, néanmoins mille fois
répétées pour persuader l’opinion publique que – contrairement à nos
adversaires – nous faisons la guerre pour des motifs absolument
honorables et non, comme eux, pour satisfaire des objectifs
géopolitiques et économiques.
Le soldat ennemi sadique attaque les vieux, les femmes et les enfants
Dans
la construction de l’imaginaire de l’ennemi, ce point est d’une
importance particulière. Les récits des atrocités commises par l’ennemi
constituent un élément essentiel de la propagande de guerre. Il faut
amener à croire que seule l’armée ennemie est coutumière de pratiques de
saccages, de viols, d’incendies, d’assassinats ou de vols à main armée
qui sont malheureusement des comportements communs à chaque armée.
Durant
la Première Guerre mondiale, l’image de l’armée ennemie formée
essentiellement de brigands sans foi ni loi fut exploitée par les deux
camps. Du côté allemand, circulait une accusation selon laquelle les
populations civiles belges et françaises menaient une guerre déloyale de
« francs-tireurs » contre l’armée allemande. Arthur Ponsonby révèle
comment la propagande allemande a répandu des rumeurs selon lesquelles, à
l’hôpital d’Aix-la-Chapelle, un service était réservé aux soldats
allemands à qui on avait arraché les yeux en Belgique ! Des journaux
allemands, d’ailleurs, avaient publié qu’un médecin français et deux
officiers, à Metz en Lorraine, avaient contaminé un puits avec le
bacille de la peste et du choléra.
Dans le même ordre d’idée, le
Service de presse allemand (Pressekonferenz), présidé par un militaire,
laissa courir le bruit que des prêtres belges avaient caché une
mitraillette derrière l’autel de leur église, qu’ils avaient fusillé des
soldats allemands et arraché les doigts de ceux qui portaient des
alliances pour s’en faire un collier ou encore qu’ils leur avaient
offert un café à la strychnine… Ces racontars épouvantables créeront au
sein des troupes allemandes un sentiment de panique considérable :
chaque civil belge ou français apparaissait comme un sadique en
puissance.
En réponse, les accusations alliées relatives aux
comportements de l’armée allemande ne se feront pas longtemps attendre.
Selon des études sérieuses, datant de la fin du Xxème siècle5, ces
accusations sont nées de la rencontre complexe entre la subjectivité
collective et la réalité de la guerre, et sont utilisées davantage
qu’inventées de toutes pièces, par les services de propagande des deux
camps. De sorte que, comme les légendes, sans aucun rapport pas même
indirect avec les événements, ces accusations auraient ancré dans
l’imaginaire collectif la peur hystérique qui épouvantait les civils et
les soldats immergés dans l’atmosphère angoissante de la guerre. Dans
cette situation, la propagande officielle n’avait qu’à amplifier ces
émotions populaires collectives, plutôt que de les apaiser voire de les
annihiler grâce à des contradicteurs capables de démentir énergiquement
ces légendes.
Du côté allié, durant la Première Guerre mondiale,
le plus grand succès et les plus grandes répercussions politiques furent
obtenues grâce aux histoires des « enfants belges aux mains coupées ».
John Horn en arrive à la conclusion que cette rumeur était absolument
infondée ; il en a étudié la formation, qui commence avec la
publication, vers la fin de 1914, de récits de mutilations diverses,
pour aboutir en 1915 au thème plus circonscrit des « mains coupées ». La
légende des « mains coupées » joue, dans l’opinion publique, un rôle
récapitulatif et symbolique et confère un profond caractère moral de
lutte manichéenne contre la barbarie à un conflit perçu comme long et
cruel. Selon cet auteur, la première phase ne résulta pas d’une campagne
officiellement concertée, mais ce furent ces récits d’atrocités qui
poussèrent les réfugiés à fuir sur les routes. Si, d’un point de vue
militaire, cet exode créa un désordre néfaste, d’un point de vue
politique, il donna lieu à un bilan positif puisque que le thème des
réfugiés belges (et des atrocités allemandes) sera largement exploité
sur le plan international.
Après la Grande Guerre, Lord Escher
écrivait : « L’épisode belge fut un coup de chance qui arriva à point
nommé pour conférer à notre entrée en guerre le prétexte moral
nécessaire à la préservation de l’unité de la nation, sinon celle du
gouvernement6. »
Les réfugiés belges et la légende des enfants
aux mains coupées ont pesé dans la balance pour décider les États-Unis à
intervenir dans le conflit. L’historienne belge Suzanne Tassier7, qui
avait travaillé sur les archives américaines, a soulevé le rôle
essentiel de l’image du « pauvre petit Belge » sur l’opinion publique
américaine afin de rendre moralement insoutenable la neutralité des
États-Unis et pousser à son intervention aux côtés des Alliés. Les
premières brèches dans l’isolationnisme américain s’étaient produites en
1915-1916, avec l’action exercée sur l’opinion publique américaine par
la « Commission for relief in Belgium »8, avec les appels en faveur des
enfants belges et les campagnes pour la récolte de nourriture et de
vêtements pour les Belges victimes de l’agression allemande9.
Les
enfants belges aux mains coupées furent aussi, à de multiples reprises,
utilisés dans d’émouvants récits d’Émile Vandervelde et Jules Destrée
au cours de leur voyage en Italie, pour persuader les Italiens d’entrer
en guerre aux côtés des Alliés.
Francesco Saverio Nitti, qui fut
ministre durant la guerre et ensuite président du Conseil, témoigne dans
ses mémoires de l’impact de ces récits :
« Nous avions entendu
raconter l’histoire des petits enfants belges auxquels les Huns avaient
coupé les mains. Après la guerre, un riche américain, secoué par la
propagande française, envoya en Belgique un émissaire pour pourvoir aux
besoins des enfants qui avaient eu les petites mains taillées. Il ne
réussit à en rencontrer aucun, même pas un. Mister Loyd George et
moi-même, lorsque j’étais le chef du gouvernement italien, nous avons
fait procéder à de minutieuses recherches pour vérifier la véracité de
ces accusations pour lesquelles, dans certains cas, étaient spécifiés
noms et lieux. Il en résulta que tous les cas, objets de nos recherches,
avaient été inventés10. »
On racontait que les Allemands
mutilaient les infirmières, équarrissaient le corps des prisonniers pour
en faire des lubrifiants, qu’ils avaient enfermé les mineurs belges
pour les ensevelir vivants dans les mines, qu’ils tatouaient l’aigle
allemand sur le visage de leurs prisonniers ou leur coupaient la langue.
La presse assurait que les Allemands bombardaient prioritairement les
hôpitaux et visaient spécifiquement les églises.
Un officier
allemand, tenu pour imperméable à la culture comme tous ceux de sa «
race » (« race » qui, cela dit, avant la guerre, présentait chaque année
au monde bon nombre de scientifiques, artistes et penseurs), avait jeté
dans les flammes de l’incendie de Louvain La dernière cène de Dirk
Bouts, par ailleurs encore visible aujourd’hui en l’église Saint Pierre
de Louvain.
Le monstre boche brandissait la torche pour incendier
cités d’art et monuments, levait son verre pour boire, égorgeait les
nourrissons ou alternativement coupait le sein des femmes et se jetait
sur elles pour les violer en riant sataniquement11.
Bien que les
atrocités réelles de la guerre furent suffisamment cruelles (par
exemple, les 5.500 civils fusillés à Dinant, Tamines, Andenne, Rossignol
et dans les autres villes et villages belges, abattus sous prétexte
qu’ils étaient des francs-tireurs), on n’hésitait toutefois pas à
ajouter des détails scabreux pour pousser à croire que la guerre avait
opposé à un peuple de scélérats un peuple de paladins soucieux
d’accomplir de généreuses actions !
Ainsi, selon Ponsonby, on
racontait que trente ou trente-cinq soldats allemands étaient entrés
dans la maison de David Tordens, charretier à Zemst (Belgique). Ils
ligotèrent l’homme et immédiatement cinq ou six d’entre eux se jetèrent,
sous ses yeux, sur sa fille de treize ans pour l’agresser. Après cet
acte horrible, ils criblèrent à coups de baïonnettes son fils de neuf
ans et fusillèrent sa femme. L’homme eut la vie sauve grâce à l’arrivée
de soldats belges. On affirmait en outre qu’ à Zemst, toutes les jeunes
filles avaient été violées.
Toutefois, le secrétaire communal
Paul Van Boekpoort, le bourgmestre Peter Van Asbroek et son fils Louis
Van Asbroek déclarèrent, dans une déposition sous serment faite à Zemst
le 4 avril 1915, que le nom de David Tordens, charretier, leur était
inconnu, qu’aucune personne de ce nom n’avait jamais demeuré à Zemst
avant la guerre et que nul dans le village ne connaissait de David
Tordens. Ils affirmèrent en outre que, durant la guerre, aucune jeune
fille âgée de moins de quatorze ans, ni aucun enfant ne fut assassiné à
Zemst et que, si un tel fait s’était produit, ils en auraient assurément
eu connaissance.
Un autre récit fut également publié selon
lequel, à Ternat, dix Allemands avaient rencontré un petit garçon et lui
avaient demandé des indications sur la route à suivre. Celui-ci ne les
comprenant pas, ils lui auraient coupé les mains. La déclaration faite
par le bourgmestre de Ternat au docteur Poodt le 15 février 1915
affirmait : « Je déclare que, dans ce récit, il n’y a pas une seule
parole vraie. Je suis à Ternat depuis le début de la guerre et il est
impossible qu’un fait semblable se soit produit sans qu’il puisse
m’avoir été rapporté ; c’est une pure invention. »
Le capitaine
F.W. Wilson, autrefois rédacteur du Sunday Times, raconta comment il
avait élaboré une de ces histoires. Son rapport fut publié dans le New
York Times (et reproduit par le Crusader du 24 février 1922) :
Il
se trouvait à Bruxelles quand la guerre éclata : “On me télégraphia
pour que je rapporte des récits d’atrocités. Or, il n’y en avait aucune à
ce moment-là. Alors, on me télégraphia pour me demander des histoires
sur le thème des réfugiés. Je me suis dit : ‘Bien, je n’aurai pas besoin
de me déplacer’. Il y avait une petite ville près de Bruxelles où l’on
mangeait très bien. J’appris que les Huns y étaient. Je supposai qu’il
devait bien y avoir eu là un enfant et alors j’écrivis une histoire
mélodramatique sur un enfant de Korbeek-Loo arraché aux Huns qui
venaient de bouter le feu à sa maison.
Le jour suivant, on me
télégraphia pour que j’envoie l’enfant parce qu’on avait reçu cinq mille
lettres de personnes proposant d’adopter l’orphelin. Le jour qui
suivit, la rédaction du journal fut submergée de vêtements d’enfant.
Même la Reine Alexandra avait envoyé un télégramme de sympathie et
quelques vêtements. Je ne pouvais dès lors plus avouer que l’enfant
n’existait pas. Je finis par me mettre d’accord avec le médecin qui
soignait les réfugiés pour dire que cet enfant était mort à cause d’une
maladie contagieuse et que c’est pour cette raison qu’on ne procéda pas à
des funérailles publiques. C’est alors que Lady Northcliffe12 se
chargea de remettre à une œuvre de bienfaisance tous les vêtements que
le gamin avait reçus13. »
Les Allemands, par ailleurs, avaient
crucifié un soldat canadien. L’histoire faisait le tour de toute la
presse canadienne et des membres du Parlement la citèrent, en
Grande-Bretagne, dans leurs discours publics. M. Tenant, à la Chambre
des Communes, le 19 mai 1915 répondit :
« Les autorités
militaires françaises ont donné des instructions permanentes de sorte
que leur soient signalés les détails de chaque cas jusqu’alors constaté
d’atrocités commises par les Allemands contre nos troupes. Elles n’ont
toujours reçu aucune information permettant de répondre à l’honorable
Membre, toutefois, conséquemment à l’information contenue dans cette
question, a été ouverte une enquête actuellement toujours en cours. »
L’authenticité
du fait fut reconnue par le général March, à Washington mais en mai
1919, le cas fut résolu à la suite de la publication dans La Nation (12
avril) d’une lettre d’un certain monsieur E. Loader du Second Régiment
Royal West Kent, lequel avait déclaré avoir vu le Canadien crucifié.
Ensuite, La Nation fut informée par le capitaine E.N. Benet que personne
du nom de Loader ne figurait dans les registres des effectifs de la
Royal West Kent et qu’en outre le Second Régiment était resté en Inde
tout au long de la guerre !
Si nous pouvons facilement imaginer
les atrocités attribuées à nos ennemis durant la Première Guerre
mondiale, il est en revanche plus difficile de se représenter comment
nos adversaires eux aussi décrivirent nos soldats comme des bêtes
féroces assoiffées de sang.
Les Alliés de la Première Guerre
mondiale étaient, bien sûr, aussi capables de frapper un ennemi désarmé.
Les troupes allemandes de la Première Guerre mondiale se sont rendues
coupables d’un bon nombre d’atrocités, mais les massacres de civils
belges par les troupes allemandes eurent leur lot de correspondances du
côté allié. Divers ouvrages – dont certains très sérieux – furent
publiés en Allemagne et en Autriche pour dénoncer les crimes de guerre
des Alliés14. Un tract de propagande, lancé dans les premiers jours
d’août 1916 par des aviateurs allemands sur le quartier général
français15, dénonçait le bombardement de la part de l’aviation française
de civils bien loin du front, à Karlsruhe, Mullhein, Fribourg, Kandern,
Holzen et Mappach. Le tract condamnait ces attaques barbares qui
avaient causé la mort de femmes et d’enfants, loin des objectifs
militaires. En effet, les bombes alliées ne tombaient pas uniquement sur
les casernes et les gares comme l’annonçaient quotidiennement les
journaux français. Le bombardement allié de Karlsruhe du 16 juin 1916,
par exemple, avait ôté la vie à 26 femmes et 124 enfants qui suivaient
la procession du dimanche du Corpus Domini.
Miss Cavell et
Gabrielle Petit, héroïnes belges fusillées par les Allemands en tant
qu’espionnes, eurent leurs homologues, comme une paysanne des environs
de Valmy (France), condamnée à mort par le Conseil de guerre français
pour avoir donné refuge à des fugitifs allemands et les avoir laissés
s’enfuir16. Des soldats français assignés à la garde des prisonniers
allemands témoigneront des coups de bâton et de nerf de bœuf et des
privations de nourriture infligés « sous l’œil bienveillant du
commandant du camp à des troupes d’Allemands en bien piètre état, pleins
de poux et affamés17 ». Un officier français de cavalerie, du nom de
Gouttenoire de Toury, accusa formellement le général français Martin de
Bouillon, commandant de la treizième division d’infanterie, d’avoir
donné l’ordre, à la veille des attaques du 25 septembre 1915 en Artois,
de tuer des Allemands faits prisonniers. L’officier médecin Koechlin
révéla que le même ordre avait été donné, le même jour, dans la zone de
Champagne et que le 15e régiment colonial avait mis un zèle particulier à
son exécution en parvenant à exterminer complètement un poste de
secours allemand avec ses blessés, infirmiers et médecins.
Comme
toutes les armées du monde, les armées alliées de la Première Guerre
mondiale portaient sur leurs épaules un lourd passé. Les Britanniques,
précédemment, s’étaient souvent « fait la main » pour ce type
d’opérations. Ils avaient incendié Washington, sans motif, en 1812 et
avaient commis bon nombre d’atrocités en Irlande et en Inde. Sans doute,
les Allemands avaient-ils exterminé les Hereros en Namibie, toutefois, à
l’époque de la guerre en Afrique du Sud, c’étaient les Britanniques qui
avaient détruit systématiquement les fermes des Boers et avaient
inventé pour eux les premiers « camps de concentration »18. Les Russes
s’étaient déchaînés, en 1830 et 1863, contre les Polonais et le feront
encore durant la Première Guerre mondiale ; ils firent sévèrement
souffrir les Lituaniens, Lettons et Polonais qui étaient à la traîne
durant la retraite. En Prusse orientale, les Russes détruisirent plus de
trente mille habitations en un mois d’invasion (à titre comparatif,
durant les quatre années de l’occupation allemande de la Belgique, ce
sont quinze mille maisons qui furent détruites). Les Américains
s’étaient distingués dans le génocide des Indiens. Les Belges n’avaient
pas été tendres au Congo. Quant aux Français, les guerres napoléoniennes
et la répression de la Commune de Paris furent des « modèles »
d’atrocités difficiles à surpasser à l’époque.
Croire, par
conséquent, que durant la Première Guerre mondiale, s’affrontaient
bandits d’une part et nobles chevaliers de l’autre est une thèse
relevant d’une ingénuité, cependant construite avec efficacité par la
propagande. Les violences, de part et d’autre, furent certainement plus
ou moins cruelles voire disproportionnées selon les circonstances, les
moyens, la discipline ou les ordres impartis, mais la propagande de
guerre devait pousser à croire qu’elles avaient exclusivement été
commises par l’ennemi. Notre comportement chevaleresque connut, quant à
lui, à peine quelques « bavures » commises par erreur ou inadvertance.
En revanche, la déviance criminelle devint le symbole même de la seule
armée ennemie.
La propagande construit l’ennemi comme celui qui
commet systématiquement et volontairement des atrocités. La guerre est
ainsi présentée comme un conflit entre la civilisation et la barbarie.
L’ennemi use d’armes illégales
Dans
la construction de l’imaginaire concernant l’ennemi quelques éléments
doivent intervenir pour expliquer comment il lui a été quelques fois
possible de remporter l’une ou l’autre victoire. Si, nous, nous faisons
la guerre de façon chevaleresque – comme s’il s’agissait d’un jeu
assurément dur, mais viril – en respectant les règles, l’ennemi, lui,
agit différemment en refusant au contraire de les accepter.
Ce
sera l’argument utilisé pour expliquer la raison de nos échecs :
l’ennemi use d’armes et de moyens illégaux. Durant la Première Guerre
mondiale, il y eut une âpre polémique sur l’utilisation du gaz
asphyxiant. Chaque partie accusait l’autre d’avoir commencé à
l’employer. Il semble avéré que ce sont les Allemands qui, les premiers,
en maîtrisèrent la fabrication et l’utilisation. Les Alliés, toutefois,
manifesteront une indignation un peu hypocrite, étant donné
qu’eux-mêmes étaient en train de conduire des recherches dans le même
but. L’usage de gaz asphyxiant était-il vraiment « barbare » ou inhumain
? Le destin des victimes d’autres armes n’était pas, sans doute, plus
enviable à celui des soldats gazés, néanmoins les gaz restent, jusqu’à
la fin de la Seconde Guerre mondiale, le symbole d’une guerre «
inhumaine ».
Les Allemands en outre étaient passés maîtres – à
l’inverse des Alliés – dans l’art de l’utilisation militaire des
sous-marins, lesquels furent également considérés comme le prototype
d’une arme « malhonnête ». Le torpillage du Lusitania, en particulier,
fut exploité et présenté par la propagande alliée comme un acte de
barbarie et de piraterie. Le 7 mai 1915, une torpille lancée par un
sous-marin allemand avait fait couler à pic le navire américain, causant
ainsi la mort de 1200 passagers civils. Mais le Lusitania était en
réalité un arsenal ambulant, ses soutes débordaient de munitions et ses
innocents passagers avaient servi, sans le savoir, d’alibi à ce
transport au sujet duquel, en revanche, l’Allemagne avait été bien
informée. Ils avaient été utilisés par les Alliés, pour employer un
terme plus actuel, comme des « boucliers humains » lors d’un transport
d’armes.
Cette tragédie, comme les gaz asphyxiants, continua à
faire couler beaucoup d’encre, même après la guerre et, en 1922, fut
signé à Washington un traité restreignant l’usage de ces deux armes par
lesquelles l’armée allemande s’était distinguée19.
Les pertes de nos ennemis sont importantes
La
construction de l’image de l’ennemi doit le présenter, dès le début de
la guerre, comme le vaincu. La propagande doit donc affirmer que nos
propres pertes sont très réduites mais gonfler celles de l’adversaire,
montrer publiquement les prisonniers ennemis20, mais taire le fait que
nos propres combattants peuvent également être détenus par l’ennemi.
La
guerre de 14-18 fut déjà une guerre de communication ou, parfois,
d’absence de communication. Ainsi, à peine un mois après le début des
opérations, les pertes françaises avoisinaient les 313.000 morts, mais
l’État-major français n’admit rien, pas même la mort d’un cheval, et ne
publia jamais, au contraire des Anglais et des Allemands, une liste
nominative des morts. Sans doute cherchait-il à ne pas entamer le moral
des troupes et du pays, sachant que l’annonce de cette hécatombe aurait
pu conduire à demander une paix honorable plutôt que la poursuite des
hostilités.
La presse française exploitait les pertes allemandes,
mais ne parlait pas des siennes. Le 22 avril 1917 (après une opération
offensive pour percer les lignes allemandes, au cours de laquelle les
pertes françaises avaient atteint en un minimum d’heures plus de 100.000
morts et blessés), alors que le député français Raffin-Dugens voulut
demander au gouvernement l’importance des pertes françaises, la Chambre
lui ôta la parole avant qu’il puisse terminer sa phrase 21.
Même
l’issue des batailles semble favorable à l’un ou à l’autre des
adversaires, selon que l’on consulte les fonds français ou allemands. De
cette manière, Verdun fut présenté comme une grande victoire par chacun
des antagonistes. Les Allemands considéreront que ce fut un succès par
le grand nombre de soldats français faits prisonniers et par la quantité
importante de matériel de guerre français dont ils s’étaient emparés.
Le Kronprinz décora les vainqueurs allemands de Verdun. De même, les
Français revendiquaient Verdun comme une de leurs victoires et le Petit
Larousse, dans l’entre-deux-guerres, disait de cette bataille :
«
En 1916, pendant dix mois, les Français y repoussèrent toutes les
attaques des Allemands, qu’ils décimèrent, et leur résistance au cours
des batailles défensive et offensive de Verdun émerveilla l’univers
[sic]. »
Quant aux Français et aux Alliés vaincus, ils furent
purement et simplement passés sous silence. Ainsi pour la Première
Guerre mondiale, on ne parle jamais de la bataille de Charleroi, de la
prise de Maubeuge, de la grande offensive de 1917 et encore moins de la
bataille de Tannenberg d’août 1914. Selon les experts, cette victoire
allemande sur les Russes fut une des batailles les plus extraordinaires
de tous les temps. Le succès allemand fut tel qu’il repoussa les Russes
hors d’Allemagne pour tout le restant de la guerre. Malgré cela, la
presse française ignora l’existence de la bataille et feignit longtemps
d’attendre l’arrivée des cosaques à Berlin22.
Ainsi ne parlait-on pas des victoires de l’ennemi mais on continuait à le considérer comme déjà vaincu.
L’ennemi ne respecte pas la religion
Pour
finir, il faut donner à notre cause un caractère sacré pour la
présenter comme une croisade à laquelle on ne peut se soustraire.
L’importance donnée à l’argument religieux est souvent utilisée dans la
propagande de guerre. Les belligérants sont accompagnés de l’aide de
Dieu, comme le rappellent dans les formules : « Gott mit uns », « In God
we trust » ou « God save the king ».
A contrario, l’ennemi doit
être représenté comme un mécréant, sans respect pour la religion. La
propagande allemande de la Première Guerre mondiale donne à voir des
officiers allemands qui visitent des églises après s’être découvert la
tête avec respect. En revanche, la même propagande montre les églises
détruites par les Alliés français ou russes. Avec un parallélisme
absolu, la propagande française a publié un petit volume de
photographies d’églises détruites par l’armée allemande23 et un tableau
d’Ernest Wante24 représente un prêtre qui pleure agenouillé devant son
église détruite par les Allemands. Dans les deux cas, l’ennemi est donc
un saccageur d’églises, un mécréant.
Ce trait s’ajoute aux
précédents pour construire une image épouvantable de l’ennemi :
belliqueux, sadique, hors la loi et déjà vaincu. Cet ennemi est donc un
être si inférieur que tout est permis à son égard. Il a perdu tous les
traits du genre humain et doit être éliminé comme un animal. Ainsi,
toutes les conditions sont réunies pour libérer l’esprit des combattants
de leurs scrupules à abattre ou à torturer d’autres êtres humains. Une
mentalité préparée avec des arguments encore utilisés par la propagande
de guerre actuelle, mais qui furent expérimentés avec succès par la
propagande de la Grande Guerre.
1. Arthur Ponsonby, Falsehood in War-Time, Allen and Unwin, Londres, 1928.
2.
Anne Morelli, Principes élémentaires de propagande de guerre,
Bruxelles, Labor, 2001. Plusieurs éditions ont suivi, en français mais
aussi néerlandais, espagnol, italien, allemand, portugais, japonais…
3.
1 – Nous ne voulons pas la guerre ; 2 – Le camp adverse est seul
responsable de la guerre ; 3 – L’ennemi a les trait du diable ou du «
méchant de service » ; 4 - C’est une cause noble que nous défendons et
non des intérêts particuliers ; 5 – L’ennemi provoque intentionnellement
des atrocités ; nous ne pouvons commettre que des « bavures »
involontaires ; 6 – L’ennemi use d’armes illégales ; 7 – Les pertes de
l’ennemi sont importantes, les nôtres sont faibles; 8 – Les artistes et
les intellectuels sont acquis à notre cause ; 9 – Notre cause a un
caractère sacré ; 10 – Ceux qui mettent en doute la propagande sont des
traitres.
4. Le Matin, 1er août 1914.
5.Voir John Horn, « Les
mains coupées : atrocités allemandes et opinion française en 1914 », in
Jean-Jacques Becker et al. (éds.), Guerre et cultures, 1914-1918, Paris,
Armand Collin, 1994, pp. 133-146 et, dans le même ouvrage, la
contribution d’Alan Kramer, « Les atrocités allemandes : mythologie
populaire, propagande et manipulations dans l’armée allemande ».
6.
Tragedy of Lord Kitchner, (vers 1920), cité par Georges Demartial, La
guerre de 1914. Comment on mobilisa les consciences, UDC, Editions des
Cahiers Internationaux, Rome-Paris-Genève, 1922, p. 58.
7. Suzanne
Tassier, La Belgique et l’entrée en guerre des États-Unis, 1914-1917, La
Renaissance du Livre, Bruxelles, 1951.
8. Commission pour le secours à
la Belgique.
9. Il s’agissait de charger de farine et de lait
concentré un bateau qu’une affiche de propagande représentait, dans
l’attente de son arrivée, par une foule de petits enfants belges. Sur
une autre affiche, on pouvait voir une petite fille traînée par un
soldat allemand coiffé d’un casque à pointe… le slogan en était : « Pour
le quatrième emprunt de guerre américain ! »
10. Francesco Saverio NITTI, Scritti politici, vol. 4, Rivelazioni, Bari, 1963.
11.
Voir, par exemple, le Journal du 10 septembre 1914 qui réunit en un
seul récit quasiment tous ces lieux communs. Le soldat allemand, à la
fin, s’éloigne en buvant le lait des biberons des nouveaux-nés qu’il
venait d’égorger sous les éclats de rire de ses camarades.
12. Lady
Northcliffe était la femme d’Alfred Northcliffe (1865-1922), un
journaliste, fondateur du Daily Mirror et devenu directeur de la
propagande anglaise durant la Première Guerre mondiale.
13. Arthur PONSONBY, op. cit.
14.George
DEMARTIAL cite un recueil de témoignages publiés en 1915 par le
ministre autrichien des Affaires étrangères, un ouvrage du major
Stupnagel, un Livre Noir publié par l’Association Richard Wagner pour
l’Allemagne du Nord.
15. Le tract est reproduit en fac-similé dans
l’ouvrage de R. BOUCARD, Les secrets du G.Q.G. (Grand Quartier Général),
les Editions de France, Paris, 1936, p. 172.
16. Une certaine madame Weber signalée dans Le Matin du 15 octobre 1914.
17. La Vague, 18 novembre 1920.
18. Plus de vingt mille femmes et enfants moururent dans ces camps où la mortalité sera supérieure à 50%.
19.
« Traité du 6 février 1922 relatif à l’emploi des sous-marins et des
gaz asphyxiants en temps de guerre », texte reproduit dans Louis Le Fur
et Georges Chklaver, Recueil de textes de droit international public,
Paris, 1934, p. 711 et suiv.
20. Miroir, 24 octobre 1915.
21. Cité par Georges DEMARTIAL, op. cit., p. 139.
22. Texte de Maurice Barrès en date du 8 septembre 1914, cité par Georges DEMARTIAL, op. cit., p. 139.
23. Les églises martyres – œuvre de la « Kultur » allemande – , cartes postales détachables, s.l., s.d.
24. Peintre belge (1872-1960), spécialisé dans les fresques historiques, patriotiques et religieuses.